L’enseignement sur la loi de cause à effet

Les12 liens interdépendants

Les douze facteurs qui suivent sont à l’origine de la souffrance et du cycle des renaissances conditionnées.
Les six premiers liens interdépendants sont généralement expliqués dans la Noble Vérité de l’Origine de la Souffrance; les six premiers concernent l’origine et les six autres le résultat.
Les six derniers liens interdépendants sont donc expliqués dans l’enseignement sur la loi de cause à effet.

1. L’ignorance
L’ignorance est en fait à la source de notre cycle sans fin à l’intérieur du samsara. Nous ignorons comment appréhender le non-soi à l’aide de la sagesse. Notre saisie est dirigée vers le soi et les phénomènes. Nous croyons qu’ils possèdent un soi ou qu’ils peuvent être établis selon leur propre nature. L’ignorance est notre mode d’appréhension erroné du monde. Elle est en contradiction avec la sagesse primordiale; c’est comme le fait d’être aveugle. Il existe deux formes d’ignorance: l’ignorance de la loi de cause à effet et celle de l’ainsité.

2. Le karma
Le karma peut être méritoire, non-méritoire et immuable. Classifiés selon leur nature, ils incluent le karma intentionnel et le karma des actes délibérés. Les actes de l’esprit constituent le karma intentionnel et les actes du corps et de la parole sont le karma des actes délibérés. Les trois modes d’accumulation du karma sont par le corps, la parole et l’esprit.

3. La conscience
Dans les soutras, le Bouddha dit qu’il y a six types de consciences. Toutefois, la conscience à laquelle on réfère ici n’est pas une des cinq consciences sensorielles, mais la conscience base-de-tout, pour ceux qui affirment qu’une telle conscience existe (l’école Chittamatra) ou bien la conscience de l’esprit, pour les autres écoles (l’école Madhyamika et les autres). Celle-ci se divise en la conscience au moment de la cause et celle au moment de l’effet. Le premier type survient immédiatement après que le karma a été déposé. Le deuxième type est la conscience immédiatement après la conception dans la vie suivante. Pour l’illustrer, supposons que motivés par l’ignorance, nous enlevions la vie à un autre être sensible. Au moment de commettre cet acte, ou karma, son potentiel est imprimé sur la conscience aussitôt que le processus karmique est achevé. C’est la conscience au moment de la cause. À cause de ce karma, nous renaissons dans un royaume inférieur. L’état de notre conscience immédiatement après la conception est la conscience au moment du résultat. Les instincts karmiques de ces actions se déposent sur la conscience comme l’huile imbibe le papier. Le désir et la saisie peuvent activer ce potentiel latent, qui peut ensuite produire une renaissance.

4. Le nom et la forme
Dans le cas d’une renaissance par une matrice, le lien du nom représente les quatre agrégats de la sensation, de la perception, des formations et de la conscience. Ils sont également les quatre agrégats d’un être dans le royaume de la non-forme. Si l’on passe du royaume de la forme à une renaissance dans la non-forme, la graine de l’agrégat de la forme est présente, mais non la forme en tant que telle. Le lien de la forme provient de la rencontre de l’ovule et du sperme au premier stade de développement, quand la conscience s’installe. Là où de tels liens s’appliquent, ils s’appellent « le nom et la forme ».

5. Les six sens
Une fois que les six facultés des sens (la vue, etc.) sont formées, ce lien s’applique seulement pour le moment où nous ne pouvons pas encore discriminer entre les objets. Il faut qu’un objet, une faculté sensorielle et la conscience qui lui est reliée soient présents. Les facultés physiques et mentales sont dites exister dès la période initiale du développement du fœtus. Dans le royaume de la non-forme, les liens de la forme et des cinq sens physiques n’existent pas.

6. Le contact
Le contact peut survenir une fois que l’objet, la faculté et la conscience sensorielle sont présents. On pourra ensuite discriminer entre objets agréables, désagréables ou neutres. Il y a donc six de ces groupes (six objets, six facultés et six consciences), allant de l’œil jusqu’à l’esprit.

7. La sensation
Le contact s’effectue avec trois différents types d’objets; de là découlent trois types de sensations: plaisir, douleur ou neutralité. Six sortes de sensations peuvent être produites, allant du groupe (objet, faculté et conscience) de la vue jusqu’à celui de l’esprit.

8. Le désir
Ici, le désir et l’attachement ont un sens commun. Qu’est-ce que l’attachement ? En voyant un objet agréable, on développe le désir d’en être près et il est difficile de s’en séparer; s’ensuit la souffrance. Ce facteur mental est donc générateur de souffrance et d’actions négatives. L’attachement fait que nous ne voulons pas être séparés de sensations agréables. Il fait également que nous voulons être séparés de la souffrance. On peut aussi être attaché à ce que notre équanimité ne diminue pas. Les sensations sont dites être une cause auxiliaire au développement de l’attachement. C’est parce que nous sommes dans l’ignorance et que le contact sert de facteur contribuant que cette sensation produit l’attachement. Si nous n’avions pas l’ignorance, nous pourrions encore avoir des sensations mais l’attachement ne se développerait pas.

9. La saisie
Lorsque nous désirons des objets et devenons attachés à eux, la saisie apparaît. Il y en a de quatre types. La saisie sensorielle signifie être attaché aux objets des cinq sens. La saisie des vues consiste à être attaché à n’importe laquelle des vues erronées, sauf celle voyant le soi comme étant identique aux agrégats. La saisie des comportements ou des éthiques signifie être attaché à une éthique inférieure ou à des comportements liés à des vues erronées. La saisie de la croyance qu’il y a un soi signifie que l’on associe les agrégats au soi.

10. Le devenir
Dans le passé, les actes ont implanté l’instinct d’actions karmiques dans la conscience. Le désir et la saisie activent cet instinct dont le potentiel nous projette vers une nouvelle naissance. C’est le nom qu’on donne au résultat de ces causes. Le samsara et le devenir (ou l’existence) veulent habituellement dire la même chose. On le divise en quatre parties: l’état entre deux vies (bardo), la naissance, la vie proprement dite et la mort.

11. La naissance
C’est le premier moment où la conscience arrive dans un des quatre types de naissances.

12. La vieillesse et la mort
La vieillesse est la maturation des agrégats, le changement graduel de leur condition. La mort est la destruction des agrégats.

Pour se rappeler des douze liens, on peut dire que :

L’ignorance amène à créer les karmas qui doivent s’imprimer sur un continuum produisant les agrégats et les six consciences, permettant au contact d’entraîner la sensation qui produira l’attachement puis la saisie, ce qui créera le devenir, engendrant la naissance à partir de laquelle la vieillesse et la mort seront expérimentées.

Courtesy : Guéshé Lobsang Samten

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