Toucher le Futur / Aller au-delà de l’image de Soi

Keith A. Buzzell, A.B.,D.O.
Une conversation avec Michael Mendizza

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser au développement humain, à la santé et au rôle central que le cerveau occupe dans la poursuite de notre évolution ?
J’ai toujours posé des questions. À l’âge de sept ans, je me souviens qu’on m’a demandé de ne pas revenir à l’école du Dimanche, à cause des questions que je posais. Elles mettaient mes professeurs et l’Eglise très mal à l’aise. Dans les années 1950, j’ai découvert les œuvres de Gurdjieff, qui avait introduit le concept selon lequel les êtres humains n’ont pas un mais trois cerveaux. C’était 50-60 ans avant que Paul MacLean ne commence ses travaux sur le « cerveau trinitaire ». Gurdjieff a développé une vision sophistiquée des êtres à trois cerveaux et a abordé de nombreuses questions auxquelles Paul a donné une base neuro-anatomique. En tant que médecin, quand j’ai découvert le travail de MacLean, cela a créé une explosion de liens entre les vues de Gurdjieff et la neurophysiologie moderne.
Que voulez-vous dire par le fait que les êtres humains ont trois cerveaux ?
Il y a plus de 600 millions d’années, avec l’apparition des vertébrés à sang froid, sont apparus des systèmes sensoriels, qui pouvaient construire une représentation résonnante, ou image, d’une partie du monde extérieur. La vie des vertébrés à sang froid, ce que j’appelle créatures à un seul cerveau, est déterminée par le spectre des capteurs et la capacité d’imagerie de ce cerveau central de base. La fonction primaire de ce cerveau reptilien est la survie, centrée autour de la triade nourriture, reproduction et défense.
Quelle est votre définition du cerveau ?
Un cerveau devrait vraiment être appelé cerveau quand il a développé la capacité de s’en servir une tranche parmi toutes les formes et énergies variables « là dehors » et de se construire une représentation ou une image du monde extérieur. Et ensuite, dans les environs proches de cette créature, agir sur ces images pour survivre. Alors vous avez un cerveau. Le monde est alors défini par la gamme de sensibilité des capteurs émanant du cerveau. Une fois que le premier cerveau a été bien établi comme instrument sensoriel/moteur complet, ce qui s’est produit il y a environ 200 milliards d’années, des éléments de ce que MacLean appelle le cerveau limbique, ou le second cerveau, ont commencé à apparaître. En fait, les éléments de ce second cerveau ont commencé à apparaître bien avant que ce second cerveau puisse être appelé un cerveau complet. La différence essentielle est que le monde auquel le deuxième cerveau s’ouvre n’est pas le monde « extérieur » au-delà de la membrane qui le délimite, mais le monde intérieur du métabolisme et des mouvements dynamiques. Par exemple, les lézards et les crocodiles possèdent tous les différents groupes de muscles, mais ils ont un contrôle musculaire plutôt grossier.

Cela commence à devenir plus raffiné lorsque les muscles eux-mêmes deviennent interpénétrés par des extensions du second cerveau. Les fuseaux musculaires commencent à mesurer l’état de groupes de plus en plus petits de fibres musculaires, qui envoient des informations à la moelle épinière et au second cerveau. Cette surveillance et cette imagerie de plus en plus complexes des états intérieurs sont la marque de fabrique, le label du second cerveau. Grâce à ce retour d’information, nous développons une sensation ou une image de ce que fait le corps, à l’intérieur et à l’extérieur. L’auto-perception, lorsqu’elle est limitée au premier cerveau, n’est qu’une représentation en surface du corps. Il est certain qu’un lézard a des récepteurs qui lui indiquent dans une certaine mesure la quantité de pression qu’il exerce sur un de ses membres antérieurs. Mais il n’y a pas de relation avec la dynamique interne du membre lui-même, les muscles, le flux sanguin, etc. Cette capacité est apparue avec le deuxième cerveau. Avec le développement du second cerveau, nous voyons aussi la transition d’un cœur à deux chambres à un cœur à quatre chambres. Nous voyons l’évolution du diaphragme, de l’utérus avec le support du développement intra-corporel maternel de l’embryon. De plus, tous les contrôles neuronaux et la surveillance de tous les vaisseaux sanguins, de tous les autres fluides, du système lymphatique du corps, et nous avons l’apparition d’une sophistication de plus en plus grande dans le système immunitaire. Un crocodile a certes un système immunitaire, mais il est élémentaire et principalement lié à la surface du corps et au monde extérieur. Avec le système limbique, ou deuxième cerveau, apparait une incroyable diversification des défenses internes via le système immunitaire. Le cerveau central sent et propose une image du monde extérieur. Le second cerveau ou cerveau limbique surveille et met en images des états corporels internes. Lorsque nous prenons tous les états des deux cerveaux, les représentations ou images résonantes qui sont formées à partir de ces états, y compris les sentiments, c’est ce que MacLean appelle très justement l’émergence du Sentiment de Soi. Quel type d’image est créée à partir de ces états intérieurs ? Nous faisons l’expérience subjective de notre monde intérieur d’une manière totalement différente de celle des sensations extérieures. Il y a un mélange entre les deux dans la perception ou la conscience. Les deux, cependant, sont des sensations. Nous passons d’un état de sensation à un état de sentiment. Lorsque vous vous cognez l’orteil et que vous donnez ensuite un coup de pied au chien, par exemple. Il y a la douleur et soudain nous sommes en colère parce que nous avons eu mal. Les états de sensation à un niveau se fondent en un autre niveau et il peut être très difficile de les différencier.

Un sens plus précis du Soi apparaît avec le gyrus cingulaire, la partie la plus haute du deuxième cerveau. Il est intéressant de noter qu’aucun précurseur cellulaire du gyrus cingulaire n’a été découvert chez les êtres à cerveau unique. Ici, nous voyons les centres de l’éducation, de la communication audio vocale entre le parent et l’enfant, et le jeu. MacLean appelle cette grande triade de fonctions la triade Familiale. Il pense qu’en étudiant l’évolution biologique cellulaire de cette zone du second cerveau, nous étudierons l’histoire de la famille. C’est une belle façon de le dire, bien que ce soit certainement controversé dans certains milieux. Nous avons été élevés dans la croyance que la vie humaine était en quelque sorte différente, disons supérieure à celle des autres animaux. Comment cela se vérifie-t-il au regard des recherches actuelles ? De nombreuses traditions établissent une séparation absolue entre ce que nous vivons, en tant qu’êtres tricéphales, ou humains, et ce que vivent les autres créatures. Les substances neurochimiques à l’intérieur d’un chimpanzé sont exactement les mêmes qu’à l’intérieur de nous. Leurs expressions faciales sont les mêmes, leur comportement de jeu est très similaire, etc. Il est de plus en plus difficile de nier qu’ils vivent dans un monde de sentiments riches et intenses. C’est l’une des connaissances les plus essentielles, que toute vie de mammifère est riche en expériences. Notre monde est beaucoup plus complexe et subtil, cependant, parce que nous avons un système neural des centaines de fois plus grand. Fondamentalement, tous les mammifères, parce que nous partageons tous ce deuxième cerveau, ont des expériences subjectives similaires, qui sont tout aussi réelles, tout aussi complètes et tout aussi importantes dans la vie de ces créatures que notre expérience intérieure. Nous devrions être éminemment respectueux de cela, parce que c’est de cela que nous venons et de cela que nous faisons partie. Les traditions voudraient nous faire croire, en raison de notre nature supérieure, que l’humanité domine toute la nature. Le mot « domination » a été mal compris. Étymologiquement, le mot domination n’est pas le pouvoir sur, mais la responsabilité envers, en reconnaissant que tout ce qui est créé est aussi à l’intérieur de nous. Lorsque nous manquons de respect ou que nous abusons de certains aspects du monde extérieur, d’autres formes de vie, nous nous maltraitons nous-mêmes. Revenons au cerveau. Je peux fermer les yeux et voir une image de ce à quoi ressemble ma chambre, ce qui je suppose, est une fonction du cerveau principal ou premier cerveau. Quand on commence à parler de l’image des émotions ou de l’image des états intérieurs, c’est une expérience différente. Je résume. Tous les appareils sensoriels sont une extension d’un cerveau, que ce soit le cerveau central qui regarde le monde extérieur, ou le second cerveau qui s’interface avec le monde intérieur, ou encore le troisième cerveau qui s’interface avec les deux…

Dans tous les cas, un système de capteurs envoie des données, que le cerveau utilise pour construire une représentation résonante des énergies et des formes auxquelles ce système sensoriel particulier est sensible. Ce sont toutes des images. D’abord les images cérébrales, parce qu’elles sont créées via des données provenant d’un monde au-delà des limites de l’individu, elles sont relativement concrètes. On peut dire que ce sont des images littérales. Quand nous arrivons au deuxième cerveau, émotionnel ou limbique, c’est bien plus difficile pour la plupart des gens de voir l’image. Il serait peut-être utile d’introduire le terme « image de soi ». Qu’est-ce que nous entendons par image de soi ? Nous parlons d’orgueil, de vanité, de présomption d’honnêteté, de force, d’objectif et de colère. Extérieurement, nous voyons ces états exprimés par des attitudes, des gestes, les tons de voix et les expressions du visage. Nous pouvons voir l’angoisse et l’hostilité, la suspicion et la peur. Nous voyons la satisfaction, la détermination ou l’hésitation. Nous voyons l’amour maternel s’exprimer chez de nombreuses formes de mammifères. Nous regardons l’image extérieure reflétée à travers cette interpénétration du système musculaire du premier cerveau par le second. Cet état intérieur est une image car il n’est pas un « tout » matériel de quoi que ce soit. L’organisme a échantillonné une gamme variable d’énergies, qui reflètent l’état interne. Nous expérimentons ce reflet ou cette image en tant que « soi ». Nous avons donc maintenant deux cerveaux. Avec l’évolution du second cerveau, des substances chimiques spéciales, appelées neuropeptides, rapportent au cerveau l’état interne du corps. Candice Pert, anciennement du National Institut de la Santé, les appelle les « substances chimiques de l’émotion ». La différenciation importante est que le monde du second cerveau est un monde à la fois neuronal, et de formation et de fonction chimique. Il ne s’agit plus seulement du système nerveux. Il y a maintenant une interaction entre les images internes et des images externes. Il est important de garder à l’esprit que notre monde émotionnel est très rarement composé d’un seul sentiment. Chaque instant peut être rempli d’un kaléidoscope d’images émotionnelles. Nous pouvons être simultanément heureux, tristes, déprimés et joyeux. Nous pouvons être heureux et tristes en même temps. Lorsque votre enfant va à l’école pour la première fois, vous êtes là, debout, avec un grand sourire sur le visage. Mais il commence aussi à se séparer et à entrer dans le monde « extérieur », et vous avez des larmes qui coulent sur le visage. Tout cela se passe en même temps. Ce que nous ressentons, notre état émotionnel, peut être un flux complexe d’expériences multiples. Le cerveau central ou de maintenance est-il complètement différent dans sa forme et sa fonction du cerveau émotionnel ou second cerveau ? MacLean n’a jamais dit que les trois cerveaux étaient séparés. Les structures primaires ont évolué sur de longues périodes.

Ils sont fondamentalement différents dans leur fonction et peuvent, relativement parlant, fonctionner indépendamment. Le font-ils tout le temps ? Non. Ils doivent fonctionner comme un tout étroitement intégré. Il y a beaucoup de malentendus sur le troisième cerveau. Qu’est-ce que le troisième cerveau et que fait-il vraiment ? Au fur et à mesure que l’on progresse dans l’échelle de l’évolution au cours des 200 derniers milliards d’années, on observe des structures neuronales de plus en plus denses, qui commencent à ouvrir des capacités et des fonctions qui ressemblent à celles du troisième cerveau. L’ingéniosité d’un singe qui creuse avec un bâton pour trouver de la nourriture. Nous voyons l’émergence de la curiosité, pas pour la nourriture, pas pour la survie, mais la curiosité pour elle-même. Tout cela nécessite la matrice neuronale d’un troisième cerveau. Alors que ce troisième cerveau se développe, nous voyons naturellement, dans la vie de nombreuses formes de mammifères, des aspects qui semblent étonnamment similaires à ceux qui émergent avec le cerveau humain complet. Mais le troisième cerveau n’est pas complet. Lorsqu’il sera complet, il aura la capacité de créer différents types d’images abstraites – de lettres, de mots, de chiffres ; de comparaisons, d’analogies, de similitudes ; de formes spatiales, et de formes sonores. Il « imagera » des séquences logiques et « jouera » avec les symboles, les mots, les couleurs, les sons et les formes. C’est le monde du troisième cerveau. Ce troisième cerveau, étant la structure la plus récente de l’évolution, peut être considéré comme immature. Nous avons décrit comment les cerveaux central et moyen ont développé des systèmes de rétroaction qui créent des images de ce qui se passe à l’extérieur et à l’intérieur (proprioception). David Bohm a cependant suggéré que le nouveau cerveau, le Néocortex, n’a pas encore évolué un système efficace de rétroaction capable de garder la trace de la pensée, et que c’est là une source majeure de confusion et de conflit. Nous perdons le fil de ce que fait le troisième cerveau. C’est un thème récurrent dans l’ouvrage monumental de Mac Lean, The Triune Brain in Evolution. Il y a beaucoup moins de chemins qui relient le deuxième cerveau au troisième cerveau que ceux qui relient le premier cerveau au troisième. Cela rend le nouveau cerveau beaucoup plus sensible et vulnérable aux données venant de l’extérieur, qu’aux informations provenant des capteurs du deuxième cerveau qui surveillent les états intérieurs. Nous avons un fort préjugé neuronal du monde extérieur et n’accordons pas la même attention à ce qui se passe en interne. Il semble également exister une nette différence générique entre les hommes et les femmes à cet égard. Les hommes ont tendance à mettre l’accent sur le monde extérieur. Les femmes, parce qu’elles sont la source de la nourriture, la source de vie et la continuité, sont plus conscientes du monde intérieur. Les connexions entre le deuxième et le troisième cerveau des femmes, en particulier le côté droit du troisième cerveau, sont beaucoup plus prononcées que chez les hommes. Par conséquent, elles peuvent être plus attentives à la réalité du monde intérieur de leur deuxième cerveau. Vous pouvez encore voir ce principe dans l’arrogance, le pillage et la domination, qui ont souvent émergé chez les hommes dominés par le troisième cerveau.

Plus important encore, en ce qui concerne l’émergence du troisième cerveau, est ce qu’il fait en termes de perspective. Les lézards vivent dans un monde unidimensionnel. Ils ont des habitudes fixes qui réagissent et répondent uniquement au présent. Ils ont une mémoire très pauvre. Les créatures à deux cerveaux développent une énorme queue dans le passé. La mémoire se développe et devient de plus en plus longue et immensément dense. Mais le deuxième cerveau a peu de capacité à atteindre l’avenir. Avec l’apparition du troisième cerveau, il y a une extension soudaine vers le futur, construite sur le passé du deuxième cerveau et le présent du premier cerveau. Avec cette extension, la vie prend une perspective tridimensionnelle. Je ne saurais trop insister sur ce point. Une autre façon de voir notre nature tri-cérébrale est de voir que nous avons le monde extérieur représenté par le premier cerveau, le monde intérieur imagé par le deuxième cerveau, et que le troisième cerveau émerge comme le troisième point d’une triade, recevant des informations des deux. L’ajout de cette troisième dimension modifie la perception du monde extérieur par le premier cerveau et la perception du soi/des autres par le second. Nous obtenons maintenant une perspective tridimensionnelle qui donne naissance à la représentation intérieure, c’est à dire l’expérience subjective d’un « je » indépendant. Nous parlons d’avoir un corps. Nous parlons d’avoir des sentiments. Cette expérience subjective par le troisième cerveau du « je » est unique et extrêmement puissante. C’est un instrument de séparation infinie, ainsi qu’un instrument d’unification infinie. Elle peut couper dans les deux sens. David Bohm a décrit comment nous pourrions considérer notre image de soi comme étant composée de trois représentations complètement différentes, Moi, Moi-même et ‘Je ». En considérant ce que nous avons exploré, Moi pourrait être l’image créée par le premier cerveau ; Moi-même, la représentation résonante du cerveau limbique ou émotionnel et « Je » une représentation de soi générée par le nouveau cerveau. Tous trois sont cependant des images. Si vous pénétrez au cœur des Grandes Traditions, vous trouvez toujours cette différenciation. Il apparaît « légalement » dans tous les humains un sens du « je », un sens de la singularité, mais c’est toujours et encore une image. Il y a une possibilité d’aller au-delà de l’image vers ce que l’on peut appeler le Moi réel. … vers une perception de participation et de relation qui n’est pas un « je » indépendant et séparé, mais un « je » qui est complètement intégré dans et à travers tout. Aller « consciemment » au-delà des images créées par notre cerveau trinitaire présente des défis extraordinaires. Chacun de nous a inscrit dans la matrice neuronale de son premier et de son second cerveau un impératif câblé d’accepter et de répondre aux images créées comme si elles étaient réelles et complètes. Des centaines de milliards d’années arcboutent ces modèles de survie physique et sociale.

Il est clair que le premier et le deuxième cerveau ne peuvent pas se remettre en question. Le troisième cerveau a cette capacité, s’il applique le raisonnement, l’analyse logique, la comparaison, etc. La conscience qu’il s’agit d’une image et non de la réalité est cependant très ténue. Et nous la perdons très rapidement de vue, surtout lorsque des images très évocatrices sont présentées par le premier ou le second cerveau. Par exemple, quand un appel téléphonique provenant du service des impôts se produit, ou lorsque nous sommes appelés sur une autoroute alors que nous conduisons à 120 km à l’heure. Dans ces cas et des milliers d’autres, l’immédiateté de l’image comme étant réelle est à la fois appropriée (en termes de survie) et indéniablement puissante. En raison de la façon dont les fonctions de notre premier et second cerveau sont également vulnérables à l’expression faciale ou au ton de la voix du patron, et au point de confondre une racine d’arbre avec un serpent… Plus tard, quand les cerveaux ont traité plus de données et que l’image est comprise comme non menaçante, nous pouvons nous « sentir » stupides. Cependant, notre rythme cardiaque et respiratoire, la tension musculaire et la circulation de l’adrénaline montrent que nos premier et deuxième cerveau continuent à réagir à la menace imagée. S’il est difficile de rester impartial face aux images du premier et du deuxième cerveau, il est encore plus difficile de rester impartial face aux images du troisième cerveau. Le sentiment de « je » naturellement créé par l’imagerie neuronale du troisième cerveau apporte un puissant sentiment de singularité qui est à la fois réel et imaginaire. Réel à cause du sentiment physique et subjectif que nous sommes un individu séparé, distinct. Imaginaire dans la mesure où cette image nous sépare artificiellement du tout. Elle crée également une « spécificité » subjective ou personnalité qui est le germe d’un égoïsme faux et intrinsèquement malveillant. C’est ce « faux moi » imaginaire qui est à l’origine de monstres tels qu’Idi Amin, Pol Pot et Hitler, ainsi que des parents abusifs et autres PDG d’entreprise arrogants… Est-il possible d’aller « au-delà » des trois images de l’extérieur, du soi et du « moi » ? Il y a eu de nombreuses approches de cette question au cours des cinq derniers millénaires. À notre époque, cependant, le défi a été considérablement renforcé en raison des découvertes extraordinaires et positives de la science moderne mais aussi par l’impact négatif unique et sans précédent de la technologie. Il existe des preuves accablantes que l’utilisation de la puissance technologique par le troisième cerveau, de la radio, de la télévision, des ordinateurs – aux conglomérats industriels, aux soins de santé gérés et au flux incessant de jouets et de futilités, a perturbé et considérablement diminué l’attention nécessaire pour aller au-delà de notre intégration dans l’image, vers une véritable relation, vers le vrai Moi. Cela a fracturé notre vie personnelle et communautaire, et menace maintenant sérieusement la continuité de la vie sur la planète. L’origine de ce déséquilibre flagrant n’est pas à l’extérieur, dans le monde extérieur, cette origine se trouve à l’intérieur, dans les images créées par le troisième cerveau de chacun d’entre nous. Et diffusées largement ! Tout ceci représente un grand obstacle à la découverte de ce qui peut se trouver au-delà de l’image, qu’on appelle le Moi Réel.

Voilà pourquoi le processus du Dialogue de David Bohm, et les concepts d’explicite, implicite et super-implicite sont d’une telle valeur.

Ils contribuent à rendre explicite l’image implicite. Ce dépassement au-delà des images limitées des trois cerveaux est également au cœur de l’Ecologie Profonde de la nature et de l’enfance. Pour ma part, c’est la raison pour laquelle j’ai un respect et une estime sans bornes pour Gurdjieff, Bohm et bien d’autres qui explorent le chemin au-delà de l’image.

Joseph Chilton Pearce a fait découvrir à Keith – Touch the Future – son intérêt pour le cerveau et le développement humain il y a plus de dix ans. Le Dr Buzzell est actuellement fondateur et directeur médical de l’Hospice of Western Maine, directeur médical du Fryeburg Health Care Center et fondateur de Wyllaned, une communauté d’éducation, de recherche et de développement.

Courtesy Touch the Future
Copyright 1998

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