Si vous laissez la puissance du souffle se disperser, vos mouvements seront facilement désordonnés. Il convient donc de faire en sorte que le souffle soit contrôlé et pénètre le long de la colonne vertébrale.
En s’exerçant ainsi sans relâche, non seulement on peut obtenir des résultats lors de l’émission de l’énergie, mais encore exceller dans l’utilisation de la force d’inertie du corps. De plus, ne penchant ni d’un côté ni de l’autre, le corps peut conserver un centre et un axe, les mouvements sont alors exécutés avec stabilité. Cela est tout à fait conforme aux théories de la dynamique en physique. Pour ce principe “maintenir le coccyx dans l’axe”, les anciens maîtres célèbres n’ont pas donné beaucoup d’explications, c’est chose regrettable. (*1)
Je vais donc m’efforcer de l’expliquer en prenant pour exemple le mouvement « Pas en avant avec torsion du tronc et effleurement du genou » exécuté à gauche, connu aussi sous le nom « brosser le genou gauche ».
Si, alors que j’exécute le mouvement « la cigogne déploie ses ailes », quelqu’un m’attaque par devant en donnant un coup du pied droit, j’effectue un mouvement tournant vers la droite, plie le genou droit et place le centre de gravité du corps sur ce pied ; les jambes pliées, j’avance le pied gauche, effleure de ma main gauche mon genou gauche et écarte avec cette main la jambe droite de mon adversaire ; simultanément, je décris dans un plan vertical avec ma main droite un cercle de l’arrière vers l’avant, la faisant passer près de l’oreille. Le corps tourne alors à partir de la taille. Au moment où le poids du corps est réparti également sur les deux pieds, je ramène (si besoin) la pointe du pied droit vers l’intérieur de manière à former un angle de trente degrés avec la ligne avant – arrière. Le pied gauche étant dans cette ligne et les talons écartés d’un « poing » (environ quatre pouces), le corps continue à tourner à partir de la taille pour se trouver vers l’avant ; simultanément, la jambe droite qui était pliée s’allonge, la main droite se détend vers l’avant, comme la détente d’un ressort pressé ; c’est ce que signifie la phrase : « L’énergie prend racine dans les pieds, se développe dans les jambes, passe par la colonne vertébrale et parvient dans les mains ». Le fruit des efforts s’accomplit en un clin d’œil. L’extrémité de l’index de la main droite, la pointe du nez et le coccyx sont dans un même plan vertical. A ce moment, le corps très légèrement incliné vers l’avant est dans le prolongement de la jambe droite. L’énergie est fixée au sinciput (portion supérieure du crâne de forme convexe située au niveau du lobe frontal) et au talon. Avec une force égale, le poignet gauche presse vers le bas, de sorte qu’il y ait égalité entre la gauche et la droite.
La poitrine est rentrée, le dos étiré, les épaules relâchées et les coudes tombants ; le souffle est concentré dans le champ de cinabre inférieur, l’énergie spirituelle des yeux (le regard) est dirigée vers l’avant vers la pointe de l’index droit. De la sorte, il est possible de rassembler la force de tout le corps dans la main droite et de l’émettre.
Les mouvements sont exécutés avec la rapidité de l’éclair et une force capable de renverser une montagne et de soulever l’océan ; le corps, stable comme le mont Taishan, se tient en un lieu où la défaite n’existe pas !
Voilà à peu près ce que l’on entend par « maintenir le coccyx dans l’axe ».
(*1) Ce texte est de Li Yixu, neveu du Wu Yuxiang.