Le Tai Chi est l’un des quatre principaux piliers de Kung Fu chinois, et le plus puissant. Contrairement aux autres styles de Kung Fu dans lesquels la vitesse et la puissance sont rendues visibles, les formes de Tai Chi ont un air doux et réceptif. Mais sous ce mouvement lent et fluide se trouve un puissant ressort spiralé de force élastique.
Les différents styles de Tai Chi partagent tous les mêmes principes – des mouvements lents, doux et détendus qui rayonnent du centre avec des pas lourds et des marches légères. Lorsque deux pratiquants adhèrent aux mêmes principes de base, on parle d’un langage corporel commun qui permet aux élèves de n’importe quel style ou système de communiquer leur niveau d’habileté avec l’exercice de Tai Chi à deux appelé « Push Hands ».
Cette pratique interactive de Tai Chi montre aux étudiants comment échanger de l’énergie sans contact invasif. La poussée des mains enseigne une façon de repousser la force violente sans se fatiguer, se vexer ou se blesser, de même pour l’autre personne.
Le Tai Chi peut être pratiqué à tout âge et est très thérapeutique. La pratique du Tai Chi améliore la circulation, l’équilibre, la respiration, la densité osseuse, l’immunité, la longévité, la conscience et la concentration. Parce que le Tai Chi est l’intégration du Qigong et du Kung Fu, il guérit et enseigne le combat en même temps.
Le Tai Chi est considéré comme un système « interne » de Kung Fu, et les mouvements sont exécutés lentement, continument et en douceur, tandis que les systèmes « externes » de Kung Fu sont exécutés à la hâte avec une démonstration de force. Certains styles de Tai Chi, comme le style Chen et le style Original Yang favorisent une accumulation lente d’énergie avec des expressions occasionnelles de puissance. D’autres styles, comme le style Wu, sont entièrement doux, méditatifs et contenus. Bien que les styles Wu et Yang ne montrent pas de force, ils forment souvent des étudiants de Push Hands très habiles.
Le Tai Chi se déplace d’une posture à l’autre comme une rivière, coulant sur des obstacles – un flux constant de changements. Les passages entre chaque posture – posture parfaite – sont aussi importants que les mouvements accomplis. La pratique du Tai Chi illustre l’idée que « la vie est un voyage, pas une destination ».
La principale distinction entre la pratique du Tai Chi et celle de tous les autres styles d’arts martiaux est la maîtrise de soi et la conscience continue créée par la lenteur de l’exécution. N’importe quel adepte du Tai Chi est en mesure de dévier une attaque agressive sans opposition directe, en l’accompagnant sans résister, puis en la canalisant dans une autre direction.
La pratique du Tai Chi réécrit nos réactions au stress. Nos « cerveaux reptiliens » sont contournés et nous nous reprogrammons pour répondre en intégrant compassion et agressivité. C’est l’expression de la raison sur la réaction, de l’esprit sur la matière.
Le Tai Chi s’aligne sur la loi naturelle, ces mêmes lois qui prévalent en physique en ce qui concerne la gravité, la rotation, le mouvement et l’immobilité. La psychologie, la physiologie, l’esthétique et la spiritualité ont leur rôle dans le Tai Chi. Le Tai Chi ne repose pas sur la force pure, mais plutôt sur la conscience, la grâce et la sensibilité. Les femmes peuvent rarement égaler les hommes en force, mais elles excellent dans ces autres domaines. Le Tai Chi utilise la conscience, le calme et le contrôle pour contrer la force brute et l’absence d’esprit.
Ironiquement, le Tai Chi, contrairement au sport ou au conditionnement pur, n’exploite pas l’énergie dans le but de gagner, de courir plus vite ou de marquer des points. Le Tai Chi améliore l’état d’être en entier en « cultivant le qi ». Cette méthode raffinée d’expression de soi fournit l’énergie de la jeunesse ; c’est une philosophie, un plan de soins, de santé et un système de sécurité sociale tout en un. C’est un pas en avant sur l’échelle évolutive de l’humanité. Le Tai Chi représente notre progression à partir de primates bestiaux qui empoignent, poussent et bousculent, se recroquevillent, se contractent et s’opposent à des gens équilibrés, civilisés et éclairés qui peuvent prendre soin d’eux-mêmes et des autres jusqu’à un âge avancé.
Comprendre la philosophie du Tai Chi aide les gens à créer des liens avec les autres sur ce chemin. L’intensité du lien, le sens de la communauté et de l’amitié avec ses sœurs et frères est une autre des riches récompenses de la pratique du Tai Chi. Les objectifs globaux et de grande portée du Tai Chi font que la patience requise pendant le processus d’apprentissage est un sacrifice relativement petit. En effet la contrainte de cette discipline pendant la phase d’apprentissage permet d’obtenir la récompense immédiate du flux de qi, de se sentir plus concentré et équilibré et, avec le temps, d’atteindre un niveau de compétence plus élevé grâce à une formation à long terme. Les pratiquants profitent ainsi d’une vie plus riche et plus sage en prenant le temps d’apprendre et de pratiquer le Tai Chi.
La facilité d’exécution vient du fait que l’on se concentre sur l’endroit d’où l’on vient pour arriver là où l’on va, et non pas en essayant d’être là où l’on n’est pas. Vous devez toujours être fermement enfoncé et enraciné sur la jambe arrière pour réaliser le pas léger sur l’autre jambe et avancer au mouvement suivant. On ne peut jamais prendre de l’avance sur soi-même, au sens propre comme au sens figuré.
Ironiquement, vous n’arriverez pas là où vous voulez être – en bonne santé, calme et jeune – en vous efforçant d’être aussi fort que vous pensez que vous devriez l’être, ou en ayant l’air aussi jeune que vous l’avez déjà été. Vous y parviendrez en pratiquant quelque chose qui est conçu spécifiquement pour produire jeunesse et vitalité : Tai Chi.
Trad dmeresearch, courtesy Marilyn Cooper – Pushing for Peace