Les 12 Qi Gong (Chi Kung) de préparation à la méditation taoïste ont été inventés et pratiqués au fil du temps par les moines taoïstes. Chi Kung signifie « travail en vue de connaître et de développer le Chi à des fins spécifiques, (comme le développement personnel, les arts martiaux, la guérison…)
Lorsque nous exprimons un acte de volonté, le Chi est l’énergie intermédiaire qui met en mouvement le corps et l’esprit. Bien qu’un bébé naisse avec un corps et un esprit, il n’en acquiert un contrôle conscient qu’avec de l’expérience et de la pratique. De même, un adulte avec une pratique sérieuse peut acquérir la perception et le contrôle de l’énergie du Chi qui est dans son corps.
Une imagination disciplinée est l’élément clé des exercices qui vont suivre.
Les enfants ont toujours des jeux qui font appel à l’imagination. Elle agrandit leur expérience limitée et » rend l’invisible visible » pour eux. Pour les adultes, l’imagination fonctionne de la même façon. Elle nous stimule indirectement. Par exemple, si nous imaginons que nous venons de boire une tasse de café très chaud, notre corps peut effectivement se réchauffer. Si nous imaginons que nous avons bu un soda glacé, il peut se refroidir.
L’imagination peut aussi diriger l’attention consciente sur des sensations et des expériences que nous ne saurions décrire dans notre langage de tous les jours. C’est en nous servant d’elle de façon patiente et répétée que nous pouvons commencer à » entrer en contact » avec les énergies du Chi interne. Bien entendu, ce contact conscient demande à être cultivé et construit dans l’instant. Aussi les méditants(es) doivent pratiquer régulièrement. Au début, on a l’impression que rien ne se produit, mais nous devons avoir la foi de l’enfant qui plante une graine dans le sol et vérifie chaque jour si une feuille apparaît !
Toute position confortable et non contraignante peut être adoptée pour méditer.
A travers l’expérience et la pratique, les méditants(es), au fil des millénaires, ont développé certaines postures qui s’avèrent plus efficaces que d’autres, ou amplifient des effets spécifiques. Il y a des postures pour la méditation debout, incluant les positions de Tai Chi, qui sont souvent accompagnées de mouvements très lents. Il existe aussi des méditations pratiquées quand on est allongé, comme le montre l’illustration 4-2a. La posture de méditation la plus répandue dont il sera question dans ce chapitre est la méditation en lotus ou bien assise (sur un tabouret).
San Pan est une posture en lotus, détendue, jambes croisées. Les mollets sont croisés avec les talons sous chaque cuisse. Le corps est droit, les épaules sont détendues, les coudes tombent naturellement, et les paumes sont posées légèrement sur les genoux, ou bien les mains reposent confortablement dans le giron (illustration 4-b).
En général, n’importe qui peut adopter cette posture, mais quelques semaines ou quelques mois peuvent être nécessaires pour que l’on s’y habitue et qu’elle devienne complètement naturelle. Sinon, on peut s’asseoir sur une chaise, sans appuyer le dos, ou un banc. Quelle que soit la position assise choisie, la tête et la colonne vertébrale doivent rester droites.
Posture 1
D’abord envisager de s’asseoir avec l’esprit paisible.
- La position est le lotus ou assis(e).
- Les mains reposent doucement, les poings fermés mais détendus, sur les cuisses juste au-dessus des genoux, paumes vers le bas (voir illustration 4-2 e).
- Les yeux sont fermés, et le » regard intérieur » est centré sur le Tan Tien, qui est localisé trois largeurs de doigt sous le nombril et deux largeurs de doigt à l’intérieur du corps, comme le montre l’illustration 4-2f ci-dessous.
- L’esprit est purifié et se vide de toutes les pensées inutiles afin d’atteindre l’état de WuJi.
- Claquez les dents. Faites-les claquer le plus rapidement et le plus légèrement possible, bouche fermée, par séries de trente-six fois de suite, ou pendant une minute.
- Promenez la langue sur l’extérieur des dents de manière circulaire, bouche fermée, sept fois. Puis faites-la courir le long des dents à l’intérieur de la bouche, formant des cercles en sens opposé, bouche fermée, sept fois.
- La bouche est maintenant pleine de salive. On la rince avec la salive, comme on la rincerait avec de l’eau après s’être lavé les dents, mais sans cracher.
- Avalez alors la salive en émettant un bruit de déglutition aussi net que possible. Suivez le chemin de la salive jusqu’au Tan Tien avec le regard intérieur. Imaginez et visualisez la salive se transformant en une vapeur qui est le Chi. Ce Chi se rassemble dans la zone du Tan Tien, ou du cœur en cas de menstruation. Avalez, puis suivez le chemin de la salive vers le bas encore deux autres fois.
- Ne répétez pas ce cycle trop souvent. N’oubliez pas qu’au début, trop est aussi mauvais que pas assez. La pratique quotidienne va instaurer une énergie progressive qui ne sera pas compatible avec des répétitions excessives lors d’une seule séance.
Posture 2
- La posture est le lotus ou assis(e).
- Très lentement et naturellement, levez les mains et étirez les bras sur les côtés, les doigts dépliés et les paumes vers le haut. Le corps reste immobile.
- Les mains sont rassemblées derrière la tête, paumes contre le crâne, les doigts entrelacés et les coudes écartés du corps, pointant vers l’extérieur, que vous maintiendrez en arrière tant que vous pourrez le faire naturellement.
- Descendez les mains à la base de la nuque. La position exacte est très importante. Les doigts restent entrelacés, mais leurs bouts n’atteignent pas la base des doigts de la main opposée. La base de la paume de chaque main, du côté du petit doigt (éminence hypothénar) est posée sur la partie la plus protubérante à la base du crâne, juste derrière chaque oreille. Les deux majeurs se croisent à peu près à la base du crâne. Les coudes restent, aussi longtemps que possible, naturellement écartés. Le mouvement qui amène à cette position est effectué lentement et progressivement, sans bouger la tête ni le corps.
- Rentrez l’abdomen tout en inspirant lentement. Ce mouvement neutralise celui du diaphragme vers le haut à mesure que la poitrine se remplit d’air, et constitue une part essentielle de la respiration du Chi Kung. Tout en inspirant, suivez mentalement le chemin du Chi depuis le Tan Tien, lentement et régulièrement, vers le bas jusqu’au point 1 (périnée) de l’illustration 4-2f, puis le long de la colonne jusqu’au point 4, et de là, continuez vers le haut jusqu’au point 7, au sommet du crâne. On achève l’inspiration en atteignant le point 7. Immobile et détendu(e), retenez votre respiration aussi longtemps que cela reste confortable. Au début, on a l’impression qu’il ne s’agit « que de l’imagination », mais peu à peu, on apprend à coordonner l’imagination avec la respiration et l’on devient capable de « sentir » les zones du corps correspondant aux différents points.
- Commencez à expirer, en suivant simultanément le Chi le long de la poitrine (point 10), et le Tan Tien. Tout en expirant, poussez peu à peu l’abdomen vers l’extérieur afin qu’il atteigne sa pleine expansion quand l’expiration sera achevée et que la concentration de l’attention plus le Chi auront atteint le Tan Tien. Marquez une (courte) pause dans la détente.
- Les yeux sont aussi synchronisés avec l’expiration et l’inspiration. A mesure que vous commencez à expirer, ouvrez lentement vos yeux, qui étaient fermés, jusqu’à ce qu’ils soient aussi ouverts que possible au moment où le Tan Tien est atteint. Puis fermez les yeux, contractez légèrement l’abdomen, inspirez doucement et recommencez le processus de respiration-contraction en répétant tout le cycle.
- Effectuez ce cycle 7 fois.
Posture 3
- Après la posture 2, accordez-vous un peu de détente en étirant les jambes et en les frottant jusqu’à ce que vous vous sentiez bien.
- Tendez les jambes et rejoignez-les, en tirant les orteils en direction du corps.
- Penchez-vous lentement en avant, en gardant le dos aussi droit que possible. En maintenant les jambes tendues, saisissez les pieds avec les mains, comme le montre l’illustration 4-2h, les paumes vers l’intérieur et les pouces vers le haut. Tirez avec les mains, et sentez la forte tension dans le bas du dos due à l’étirement. Si nous ne sommes pas assez souples pour atteindre les pieds avec les mains, nous pouvons saisir les chevilles ou les genoux.
- Inspirez et contractez l’abdomen, la concentration part du Tan Tien vers le bas jusqu’au point 1, puis remonte jusqu’au bas du dos, point 2-3. Laissez le Chi y séjourner.
- Expirez lentement et gonflez l’abdomen, en suivant le parcours du Chi vers le bas, puis jusqu’au Tan Tien. Pendant l’expiration, relâchez le dos tout en le redressant, en laissant courir les mains le long des jambes, et retrouvez-vous droit en fin d’expiration, en étant concentré sur le Tan Tien.
- Finissez l’expiration dans la détente, penchez-vous et saisissez vos pieds, inspirez, et répétez le processus. Effectuez ce cycle 7 fois.
Posture 4
- Revenez à la posture en lotus ou assis(e).
- Contractez le bas de l’abdomen et inspirez. Concentrez-vous sur le Chi en le suivant depuis le Tan Tien jusqu’au point 1 vers le bas, puis en remontant le long du dos jusqu’à la région des épaules.
- En même temps, levez les mains des cuisses en les séparant, et étirez les doigts pour suivre les deux côtés d’un demi-cercle imaginaire dont le bas repose sur les cuisses et dont le haut se trouve à hauteur des bras.
- Les mains levées doivent atteindre le point 5 au niveau de l’épaule, paumes vers le haut et doigts écartés, juste au moment où le Chi et la concentration ont atteint la zone de l’épaule dans l’étape 2-5. Levez les mains au-dessus de la tête en entrelaçant les doigts, puis tournez les paumes vers le ciel comme l’indique l’illustration 4-2i. Suivez mentalement le Chi dans le dos ; il se divise alors en montant par les bras jusqu’aux doigts tandis que l’inspiration commencée à l’étape 2 s’achève. Maintenez cette position et la respiration aussi longtemps que cela reste confortable.
- Lentement et naturellement, expirez en gonflant l’abdomen et abaissez les mains en inversant le mouvement. Le Chi doit revenir depuis les mains jusqu’aux épaules au moment où les mains passent au niveau des épaules. Tout en ramenant les mains à leur point de départ, on achève l’expiration ainsi que le gonflement de l’abdomen, et l’on ramène tout le Chi et la concentration dans le Tan Tien.
- Les yeux doivent aussi être coordonnés à l’inspiration et à l’expiration, comme dans la posture 2, étape 7.
- Répétez le processus et effectuez ce cycle 7 fois.
Posture 5
Assis sur le sol
- Tendez et étirez les jambes
- Revenez à la position décrite dans la posture 3 : le corps droit, les mains reposant doucement sur les cuisses.
- Fermez les yeux. Commencez à inspirer, et suivez le Chi et la concentration depuis le Tan Tien jusqu’au point 1, puis remontez jusqu’aux épaules. En même temps, rassemblez les mains derrière le dos, les paumes contre le dos (voir illustration 4-2j).
- Continuez à inspirer tout en suivant le Chi vers le bas, depuis les épaules jusqu’aux bras et aux doigts. Maintenez le corps droit. Tout en achevant l’inspiration, écartez doucement les mains du corps en tournant les paumes vers l’extérieur. Maintenez cette position aussi longtemps qu’elle est confortable.
- Ouvrez les yeux. Effectuez le mouvement entier à l’inverse en gonflant l’abdomen à l’expiration. Les paumes reviennent toucher le dos, et le Chi commence à retourner, par les mains et les épaules, jusqu’au point 1 puis au Tan Tien en passant par la colonne vertébrale, tandis que les mains sont ramenées devant et reposent sur les cuisses. Répétez l’exercice 7 fois.
Posture 6
- Revenez à la position lotus ou assis(e).
- Croisez les doigts et posez-les doucement, paumes à l’intérieur
- Fermez les yeux, inspirez, contractez l’abdomen et tirez doucement vers l’intérieur et vers le haut en vous aidant des mains. Maintenez, ouvrez les yeux, puis expirez et poussez doucement vers le bas en entraînant les mains.
- A l’inspiration, les hommes doivent s’imaginer qu’ils tirent doucement leurs testicules vers le haut, vers le Tan Tien. A l’expiration, les testicules reprennent leur place et le Chi circule vers le bas et remplit le scrotum. Les femmes se concentrent à l’inspiration sur la fermeture des lèvres, détente à l’expiration. Répétez l’exercice 7 fois.
Posture 7
- En posture lotus au sol, posez les mains à plat sur le sol le long des hanches, les doigts pointant vers l’avant (illustration 4-2l).
- Fermez les yeux. En rentrant l’abdomen, inspirez et en partant du Tan Tien vers le point 1, suivez le Chi jusqu’à la poitrine (point 9) tout en soulevant légèrement le corps du sol.
- Ouvrez les yeux. Expirez et gonflez l’abdomen en amenant le Chi au Tan Tien et le corps sur le sol.
- Répétez l’exercice 7 fois.
A noter : Le but de cet exercice est de cultiver le Chi en le faisant voyager entre la poitrine et le Tan Tien. D’après les légendes traditionnelles, c’est la base qui permet d’apprendre à se sentir léger et à se déplacer dans les airs.
Posture 8
- A partir du lotus, posez la paume gauche sous le pied droit et la paume droite sous le pied gauche. (Si vous ne pratiquez pas le lotus, prenez une autre position et posez les paumes sur les genoux.)
- Fermez les yeux, inspirez, et suivez le Chi dans son trajet vers le point 1, puis autour de l’abdomen en un demi-cercle par la gauche, qui arrive à son point le plus haut, au-dessus du nombril, à la fin de l’inspiration.
- Ouvrez les yeux, expirez, suivez le Chi dans un demi-cercle vers le bas du côté droit de l’abdomen. Fin de l’expiration au point 1.
- Fermez les yeux, inspirez et suivez de nouveau le Chi sur un demi-cercle par la gauche jusqu’au point au-dessus du nombril. Ouvrez les yeux. Expirez comme précédemment.
- Faites sept cercles avec le Chi, et à l’expiration finale, ramenez le Chi au Tan Tien.
Les femmes devraient suivre le Chi dans la direction opposée, en partant du Tan Tien vers le point 1 puis au-dessus du nombril par la droite, puis en revenant en bas par le côté gauche. Fin de l’expiration au point 1, etc. La raison est due à la différence des trajets des méridiens d’énergie Yin et Yang chez les hommes et les femmes.
A noter : Cet exercice est particulièrement important pour les personnes qui apprennent les arts martiaux. C’est une base du développement de l’énergie interne.
Posture 9
- Partant du lotus, ou assis, posez la main gauche, paume vers le bas, sur l’épaule droite, près du cou. Procédez de même avec la main droite (voir illustration 4-2o).
- Fermez les yeux. En même temps, inspirez et suivez le Chi en partant du Tan Tien vers le point 1 puis dans les bras et les épaules. Maintenez l’inspiration et la contraction abdominale, et sentez la force du Chi remplir cette partie de votre corps. Serrez étroitement les épaules avec vos mains.
- Ouvrez les yeux. Puis expirez en gonflant l’abdomen dans la détente, détendez les mains comme au début de la posture.
- Répétez l’exercice 7 fois.
Posture 10
- Détendez-vous et étirez-vous.
- Puis mettez-vous à genoux, le bout des pieds à plat sur le sol. Lentement, asseyez-vous sur l’arrière de vos chevilles, les mains posées légèrement sur les cuisses, paumes vers le bas. La position assise s’appelle Kua Ho Tso. D’après les légendes, quand quelqu’un devenait immortel, il utilisait cette position pour s’asseoir sur le dos d’une grue et voyager.
- Posez les paumes sur la cage thoracique, le long des muscles pectoraux, comme le montre l’illustration 4-2p (pour les femmes, les doigts sont sous les seins).
- Fermez les yeux. Inspirez et contractez l’abdomen, et partant du Tan Tien par le point 1, remplissez de Chi la zone de la poitrine. Demeurez ainsi tant que cela reste confortable.
- Ouvrez les yeux. Expirez et gonflez l’abdomen.
- Répétez l’exercice 7 fois.
Posture 11
- Restez assis dans la posture 10. Posez les mains paumes vers le bas.
- Fermez les yeux. Inspirez en contractant l’abdomen, et inclinez la tête en arrière aussi loin que possible, mais pas le corps. Faites circuler le Chi vers le haut pour remplir la zone de la gorge. Restez ainsi aussi longtemps que cela est confortable.
- Ouvrez les yeux. Expirez et gonflez l’abdomen en même temps dans la détente. Simultanément, ramenez la tête dans sa position normale.
- Répétez l’exercice 7 fois.
Posture 12
- En posture du lotus, ou assis(e), frottez les paumes des mains l’une contre l’autre, jusqu’à ce qu’elles soient bien chaudes. Puis frottez-les (de préférence) contre la peau nue des reins jusqu’à ce que la zone soit aussi bien chaude (illustration 4-2r). Maintenez le corps droit. Répétez le processus 7 fois.
- Ramenez les poings sur les cuisses, comme dans la posture 4-2 e. Fermez les yeux. Claquez des dents, tournez la langue, rincez la bouche avec la salive, et avalez-la avec un bruit de déglutition comme précédemment, trois fois.
- Restez assis(e) en silence, l’esprit paisible, aussi longtemps que possible.
FIN
Transfert du Ching au Chi, ou Lien Ching Hwa Chi
Les anciens Chinois observaient les phénomènes célestes, et découvrirent que le ciel avait trois trésors : le soleil, la lune, et les étoiles. Ils observèrent le monde naturel, et en déduisirent que la terre avait trois trésors : l’eau, le feu et l’air. Puis ils se demandèrent : quels sont les trois trésors du corps ?
Après avoir cherché, ils conclurent que ces trois trésors étaient le Ching ou les sécrétions internes, le (qi) Chi ou l’énergie, et le Shen ou le corps-esprit.
Le Ching est semblable aux fondations d’une maison. Il est essentiel au fonctionnement du corps. Le Ching peut être brièvement défini comme le sperme (correspondant au fluide sécrété par la femme pendant l’orgasme). Une définition plus large, telle qu’on la trouve dans la médecine chinoise classique, précise que le Ching inclut les indispensables sécrétions des organes internes. C’est ce qui correspond au concept occidental des hormones sécrétées dans un schéma hautement complexe qui maintient la structure et l’intégrité du corps vivant.Ainsi, le Ching est la somme de la force mentale et physique d’une personne, une qualité que l’on peut observer grâce à la brillance de ses yeux.
Si le Ching représente l’intégrité structurelle du corps et sa force de cohésion, le Chi est l’énergie qui l’anime. Si le Ching était une ampoule électrique, le Chi serait l’énergie électrique qui la fait briller ; si l’on prenait l’exemple d’un train, le Chi serait le combustible qui propulse le diesel. Le Ching est la structure organique et le Chi l’énergie qui active et maintient la vie.
Il y a deux principales sortes de Chi : celui d’avant et celui d’après la naissance.
-> Ching Chi, le sperme ou Chi fondamental d’avant la naissance, apparaît au moment de la conception. Il constitue l’aspect matériel du Chi d’avant la naissance. Il y a aussi Yuan Chi. C’est le Chi d’avant la naissance qui nourrit le fœtus pendant qu’il est dans l’utérus de sa mère (oxygène, nutriments, sang, etc.). Il affecte le développement de la personne et représente l’aspect abstrait de ce Chi.
-> Le Chi d’après la naissance est l’air que les poumons apportent dans la cavité de la poitrine. Une définition plus large inclut également des éléments nutritionnels.
Le Chi d’avant la naissance est Yang, le Chi d’après la naissance, Yin. Ces deux Chi fournissent la force de base nécessaire à la maturation et à la vie. Elles sont combinées dans le terme général de Chi, qui comprend l’alimentation, l’air, ainsi que l’énergie interne.Les taoïstes découvrirent le secret d’une vie longue et saine : nous devons développer et stocker le plus possible de Ching Chi dans le Tan Tien.
Pour le Shen, ou corps-esprit, il n’y a pas vraiment d’équivalent en français. C’est un terme très difficile à définir. Le Shen est la force intelligente qui guide et contrôle notre corps, il serait le conducteur du train. Il inclut la conscience, mais son influence s’étend beaucoup plus loin, de même que la psychologie occidentale considère que les actes conscients et les sentiments guident et suscitent l’organisation du subconscient. Le Shen est le corps-esprit individuel, ou l’aspect Yin. Sans lui, l’individu périrait.
Avec ces trois trésors du corps + un millier d’années de pratique et d’expérience, la méditation taoïste a développé un processus en trois étapes.
- La première étape est Lien Ching Hwa Chi*, ou transfert du Ching en Chi.
- La deuxième étape est Lien Chi Hwa Shen, ou transfert du Chi en Shen.
- La dernière étape est Lien Shen Huan Shiu, ou comment passer du Shen au Vide ou Wu Chi.
*Lien Ching Hwa Chi s’appelle aussi » Cent jours pour construire des fondations « .
Tout d’abord, nous devons apprendre à réguler de manière intuitive notre activité sexuelle. Un médecin chinois prévient toujours ses patients(es) qu’ils(elles) ne doivent pas abuser du sexe, ou bien la perte de Ching peut leur être préjudiciable. Le plus important est de ne pas dépasser la bonne moyenne. Il n’y a pas de standards. Certains(es) détiennent plus d’énergie sexuelle que d’autres. Une personne d’âge mûr aura moins d’énergie qu’une jeune personne, et quelqu’un qui exerce un métier très dur aura moins d’énergie à dépenser qu’une personne qui ne travaille pas autant. Il n’est pas bon non plus de trop se retenir. Il faut chercher un équilibre, comme pour tout le reste dans la vie, et personne d’autre ne peut nous dire ce qui est bon pour nous. Nous devons le rechercher individuellement. Il en va exactement de même avec la nourriture. Confucius disait : » Le désir de nourriture et de sexe fait partie de la nature humaine. » Nous savons lorsque nous mangeons trop ou pas assez lors d’un repas. Quand nous sommes faibles, nous avons besoin de manger plus. Quand nous sommes trop gros, nous devons manger moins. C’est exactement la même chose pour l’activité sexuelle.
Cependant, pendant la période où l’on pratique Lien Ching Hwa Chi, il est fortement conseillé de réserver autant d’énergie sexuelle ou de Ching que possible, car cette énergie va être transformée en Chi durant la méditation. De plus en pratiquant les Chi-Kung pour la santé, on devient aussi plus fort et en meilleure forme. On peut alors éprouver un plus grand appétit sexuel. Mais si cette énergie est employée dans ce domaine, ils(elles) se retrouveront directement là où ils(elles) ont commencé.
Un proverbe chinois avertit : « Le papillon de nuit sera toujours attiré par la flamme. » Aussi est-il nécessaire d’apprendre à bien canaliser l’énergie lors de cette première étape de transfert du Ching au Chi.
Avec une bonne pratique des Chi-Kung pour la santé, l’élève est beaucoup mieux préparé pour la méditation. La posture est plus facile à maintenir, le regard devient plus stable, l’esprit est plus calme, et il est plus facile de se concentrer. Certains phénomènes apparaissent parfois quand on commence à méditer, comme des vertiges, de l’inconfort, des engourdissements. Ils peuvent être évités par une pratique assidue des Chi-Kung. Et surtout la pratique du Tai Chi Chuan, qui contribue à éliminer bien des difficultés.
Voici la procédure, étape par étape, du Lien Ching Hwa Chi ou transmutation du Ching en Chi.
L’élève commence par la position du lotus, (voir illustration 4-3a). Si vous ne pouvez pratiquer cette position, choisissez-en une plus facile comme assis(e). La main droite est posée, paume vers le haut, sur la paume gauche ouverte, les doigts étendus se touchant, ainsi que le bout des pouces. Souvent les femmes poseront plus volontiers la paume gauche sur la paume droite. Les mains reposent juste devant l’abdomen. Le corps est droit et détendu, l’esprit pleinement conscient.
Les paupières sont fermées, mais les yeux regardent comme s’ils étaient ouverts et parfaitement concentrés sur un objet, assurant ainsi la stabilité du regard. Cela demande une bonne pratique. Entraînez-vous : tête bien droite, regardez un objet sans le fixer, fermez doucement les yeux et imaginez-vous en train de le regarder encore. Pratiquez cet exercice au moins une fois par jour, aussi longtemps que possible ; peut-être une heure, voire plus, ou seulement un quart d’heure. Nous ne devons pas nous forcer, mais faire de notre mieux.
Selon les personnes, il faudra plus ou moins de temps pour y arriver. Cela peut prendre deux jours, comme un an ou davantage. Certaines personnes sont tentées d’abandonner. En général, si nous avons préparé notre vie pour y intégrer la méditation, que nous avons pratiqué sérieusement les Chi-Kung, développé soigneusement la concentration, et bien entendu, n’avons pas abusé du sexe, la méditation agira plus rapidement.
Il est fréquent de commencer à ressentir des sensations orientées sexuellement. Les hommes pourront ressentir des vibrations dans les testicules ou la prostate ; les femmes, des vibrations, des contractions et des expansions dans le vagin, l’utérus et les seins. Tous ces phénomènes sont difficiles à décrire avec précision, car le langage est plus développé pour décrire les événements extérieurs. Ils vont aussi varier considérablement selon les personnes. Le terme général dont se servent les Chinois pour cette phase est » Yang Chi « .
Bref ces sensations signifient que l’on a atteint un stade crucial. Nous pouvons nous réjouir de les avoir, car elles signifient que nous avons progressé. Mais nous devons considérer ces ressentis sexuels, ou ce Yang Chi comme transitoire, comme l’eau et les nuages passant devant les yeux. Sinon, nous troublerons notre concentration et cesserons de progresser. Si nous pensons trop à l’activité sexuelle, cela risque en outre de nous amener à participer davantage à cette activité. Ce qui sapera notre énergie vitale et nous nous lancerons alors dans un cycle autodestructeur. Utiliser une telle énergie pour accroître l’activité sexuelle nous rendrait plus faibles que nous l’étions avant de commencer.
Il est très important de choisir le bon moment pour passer du Ching au Chi, qui est l’étape à laquelle nous allons maintenant procéder.
Si vous n’avez qu’une trop faible excitation sexuelle ou Yang Chi, cela ne vous apportera rien de tenter de le changer en Chi. Mais n’attendez pas trop longtemps que les sensations apparaissent et se confirment, elles risquent de se dissiper. Le terme taoïste Huo Hou signifie le moment choisi pour cuisiner une certaine nourriture. Par exemple, un steak, que l’on préférera à point, ni trop cru, ni trop cuit. C’est à nous de trouver le bon moment par nous-mêmes, en observant nos sensations car ne l’oublions pas, le but est le transfert du Ching au Chi.
Le Yang Chi, ou sensation sexuelle se fait bien sentir, exécutez 9 fois le cycle décrit sur l’illustration 4-3c, en allant du point 1 au point 2, puis au point 3. Après chaque inspiration, détendez-vous et expirez naturellement.
Le Yang Chi se fait toujours sentir, suivez le processus jusqu’au point 4, puis, en l’atteignant, restez concentré dessus un moment avant de vous détendre et d’expirer. Les taoïstes appellent ce processus « Prendre un bain » (illustration 4-3c), car on note souvent une salivation qui peut être abondante.
Si vous sentez toujours le Yang Chi, c’est que le Ching, ou énergie sexuelle, ne s’est pas encore entièrement changé en Chi. Continuez le processus comme suit : allez du point 1 au point 4, puis concentrez-vous un moment sur le point 5. Répétez 9 fois.
Si la sensation sexuelle persiste, allez de 1 à 4, puis concentrez-vous sur le point 6. Le nombre total de cycles respiratoires est de 36. Le terme taoïste correspondant est « Inspirer pour élever le feu Yang » (illustration 4-3c).
Une fois le moment arrivé, inspirez et contractez l’abdomen, en imaginant que la respiration va au point 1, et que, de là, combinée à la sensation sexuelle, toutes deux voyagent jusqu’au point 2, comme le montre l’illustration 4-3c. En même temps, vous suivez le mouvement avec votre regard intérieur. En atteignant le point 2, vous vous détendez et expirez naturellement. Répétez ce cycle 9 fois, très doucement. Le but est de transmuer le Yang Chi ou sensation sexuelle en énergie interne, d’aller du Ching au Chi.
Note. S’il se trouve que le Yang Chi, ou sensation sexuelle, apparait peu ou n’apparaît pas, il ne faut pas désespérer, mais chercher à comprendre. Il se peut que notre corps ne soit pas encore parvenu à ce stade, de même que certains peuvent gravir une montagne sans être essoufflés, tandis que d’autres ne pourront pas atteindre le sommet. Lorsqu’une personne travaille au maximum de ses capacités, sa réussite et son illumination ne sont pas de moindre valeur que celles de quelqu’un qui parvient aisément au bout de cette méthode.
Quelle que soit notre vitesse de progression, que l’expérience soit encourageante et plaisante ou que rien de spécial ne semble se produire, nous devons continuer à pratiquer régulièrement et intensément. Une graine, qu’elle croisse de manière invisible dans le sol ou que ses premières pousses apparaissent, a besoin des mêmes nutriments. Si nous continuons à méditer sérieusement, nous y gagnerons en énergie, même si nous n’éprouvons pas encore les sensations espérées. Il faut du temps pour construire un grand bateau, et il faut du temps à un homme ou une femme pour s’éveiller et mûrir.
L’effort que l’on fait pour ignorer la nature sexuelle des sensations, alors que nous continuons de nous en servir pour transmuer le Ching en Chi doit être poursuivi. Cela nous permettra de les oublier peu à peu.
C’est comme lorsqu’on roule à bicyclette : Quand nous commençons à apprendre, nous sommes toujours concentrés sur notre équilibre, mais après avoir appris à nous déplacer, nous remarquons à peine avec quelle facilité nous avançons. Il en est de même pour le cycle qui va du Wu Chi au Tai Chi, puis de nouveau au Wu Chi. Créer le Yang Chi, ou l’énergie et les sensations sexuelles, c’est aller du Wu Chi au Tai Chi. Puis on tend à oublier les sensations naturellement. C’est le retour à l’équanimité du Wu Chi. Mais celui-ci est ici à un niveau différent. A présent, nous avons créé du Chi. Peu à peu, nous commencerons à oublier les sensations sexuelles pour nous concentrer sur la sensation du Chi qui se produit dans le Tan Tien. Plus la concentration sur le Tan Tien est grande, plus nous ferons l’expérience d’un nouveau royaume. C’est comme si l’on sortait brusquement d’une forêt et que l’on débouchait sur une clairière, ou que l’on sorte de l’obscurité pour trouver la lumière. Il n’existe pas de mots pour décrire pleinement cette expérience, que chacun ressent différemment. C’est la même chose lorsque l’on observe la pleine lune. L’un éprouvera de l’excitation, l’autre un sentiment de bonheur, un troisième de la nostalgie et de la tristesse. C’est une question complètement personnelle.
Et après ?
En médecine chinoise classique, on distingue deux lignes d’énergie majeures, ou méridiens, dans le corps. La première part de l’anus et remonte la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête ; puis redescend jusqu’à la lèvre supérieure. C’est le méridien Tu, que montre l’illustration 4-3f. L’autre méridien, appelé Jen, part de l’anus et remonte sur le devant du corps jusqu’à la lèvre inférieure (illustration 4-3e).
C’est la raison pour laquelle, quand nous méditons, la langue doit toucher la voûte du palais pour connecter ces deux méridiens. C’est ce qu’on appelle Ta-Chiao, ce qui signifie que l’on construit un pont entre les méridiens Du et Ren. Quand on pratique quotidiennement le changement de Ching en Chi, on accumule du Chi dans le Tan Tien. Et peu à peu, on devient capable de sentir l’énergie circuler à travers ces méridiens. Quand elle parcourt un cercle complet depuis le Tan Tien en passant par tous les points indiqués dans l’illustration ci-dessous, c’est ce qu’on appelle Hsiao Chou Tien, ou Petit Cercle Céleste. Quand le Chi passe par chacun des points du diagramme, il se produit un phénomène physique distinct, que chaque personne ressent à sa façon.
Note. Si l’on n’en est pas encore à ce stade, le fait de discuter de ces phénomènes ne peut être que perturbant.
Si nous étudions les arts martiaux et parvenons à accomplir le Petit Cercle Céleste ou Hsiao Chou Tien, nous nous trouverons beaucoup plus vifs, énergiques, et capables de progrès rapides. Celui ou celle qui n’étudie pas les arts martiaux se découvrira également avec beaucoup plus d’énergie, et moins fatigué(e). Les Chinois décrivent une telle personne comme un dragon ou un tigre vivant, plein de vigueur et de vitalité.
Dans l’étape suivante du processus, le Chi descend dans les jambes jusqu’aux orteils, puis remonte jusqu’aux bras et aux doigts. Ce circuit est connu sous le nom de Grand Cercle Céleste, ou Ta Chou Tien…
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Suite : détails de la méditation sur le Petit Cercle Céleste (orbite microcosmique)