Les historiens et les anthropologues affirment que le qi gong est une dérivation du chamanisme.
Des peintures rupestres et murales représentent des sorciers et des chamans exécutant des motifs de danse dans une forme particulière.
On sait que pendant la dynastie des Zhou on pratiquait «Da Wu» ou le Grand Exorcisme; un chaman portait une peau d’ours, quatre yeux rouges peints sur la tête pour voir dans les 4 directions, et dansait autour du village chassant les mauvais esprits et les démons.
Ces danses rituelles modifiaient le corps énergétique, l’énergie et le niveau spirituel en configurant une unité intérieure / extérieure plus étendue. Ces danses primales étaient également réalisées à des fins préventives et curatives spécifiques, les mouvements du corps canalisant l’énergie …
Les chamans femmes ont joué un rôle de premier plan dans l’ancienne Asie : la Chine, le Japon et la Corée, elles ont été les principales protagonistes pour les invocations, la divination, l’interprétation des rêves, la guérison, l’exorcisme et le travail des danses rituelles.
Les femmes chamanes, appelés wu dans la danse, parlaient le langage des esprits et agissaient sur la kinésie des objets autour d’elles comme l’amincissement, la sustentation dans l’air …
Le caractère chaman wu représente des femmes qui dansent autour d’un pilier, balançant leurs longues manches dans l’air.
Certaines figurines chamaniques montrent ces femmes avec les bras levés faisant une offrande.
Eva Wong explique dans son « Taoïsm »
« Yu est un chaman légendaire qui a vécu au début des dynasties chinoises, environ 2000 ans avant JC. Yu voyageait fréquemment vers les étoiles pour apprendre des esprits célestes. Cette danse puissante a conduit Yu au ciel. Elle est encore citée dans certains textes taoïstes. Des générations de prêtres taoïstes, mystiques et magiciens ont exécuté après lui cette danse puissante. Actuellement, ils la pratiquent encore comme un de leurs arts martiaux internes. »
… dans cette danse des étapes tracent la forme de la Grande Ourse et guident la danse jusqu’aux étoiles de la Grande Ourse. Sur la spirale la danseuse commence par aller de l’extérieur vers le centre, de là elle voyage jusqu’à l’Etoile du Nord et les étoiles de la Grande Ourse. Cette démarche répétée fait enfin apparaître le dessin depuis la Terre et permet l’envol à travers le réseau céleste… Les étapes à droite sont les « marches de l’échelle céleste » par laquelle la danse montait vers le ciel. Les étapes du bas forment la constellation de la Grande Ourse par laquelle la danse évoluait parmi les étoiles.
Da Wu ou « grande danse chamanique » est décrite dans ce conte trouvé dans le livre Lu Shi (Grande histoire) écrit Po Luo Mi (1131-1189) de la dynastie des Song :
« Au temps du gouverneur Yin Kang, les tranchées ne sont pas vidées et l’eau ne coule pas. Tout est humide et sombre, l’air est confiné et épais et beaucoup de gens souffrent d’une mauvaise circulation, de raideur musculaire et de pieds gonflés. Le gouverneur Yin Kang ordonne alors à tout le monde de danser pour mobiliser l’énergie et ouvrir toutes les articulations. La danse a été réalisée au profit de tous et a été appelée Da Wu ».
La pensée taoïste trouve ainsi ses racines dans la danse chamanique, dans ses images, son rituel et sa liturgie. Dans la pratique ils cèderont la place aux premières ébauches des techniques de longévité.
Da Wu la grande danse chamanique est composée de 8 exercices de qi gong qui ont été identifiés par un travail de recherche historique et anthropologique récent, recherche menée par l’Université de Wuhan, en Chine.
Sur la base des rituels primitifs et ancestraux et des danses de la tradition folklorique à connotations chamaniques, ces mouvements, faits pour être exécutés en commun, exercent un travail d’ouverture favorisant la libre circulation de l’énergie dans tout le corps. La forme se caractérise par le rythme de ces mouvements et leur chromatisme qui font revivre l’expérience de la magie ancienne. Il est facile de les apprendre et ils sont adaptés pour tout le monde.